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LA LISTE DE LA MATINALE
La rentrée littéraire s’ouvre cette semaine, avec cinq des onze romans sélectionnés pour le prix littéraire Le Monde, qui sera remis le 4 septembre. Par ordre alphabétique, comme il se doit : le nouveau roman d’Aurélien Bellanger, plongée dans l’histoire du Printemps républicain ; l’enquête de Grégoire Bouillier sur Les Nymphéas de Claude Monet ; un récit d’Emmanuelle Lambert sur ses années de jeunesse, marquées par son travail auprès d’Alain Robbe-Grillet ; le Maroc du nouveau roman d’Abdellah Taïa, entre larmes et vengeance ; l’Italie de Gabriella Zalapi, théâtre de l’errance d’une petite fille et de son père, qui l’a enlevée et l’entraîne dans une cavale sans fin.
ROMAN. « Les Derniers Jours du Parti socialiste », d’Aurélien Bellanger
Dans Les Derniers Jours du Parti socialiste, fresque satirique sur le mouvement du Printemps républicain, on reconnaît rapidement derrière les personnages fictifs leurs modèles réels, tandis qu’Aurélien Bellanger fait tourner à plein régime la turbine du « génie de la dissertation » (c’est le titre d’un chapitre). Il y a un côté bonneteur smart dans cette valse des idées qui permet à l’écrivain de représenter pratiquement deux décennies de vie politique française.
Le Mouvement du 9 décembre, double fictionnel du Printemps républicain, œuvre principalement à travers ses effets de manche théoriques, agitant paraphrases et sophismes. Frayère et Taillevent, deux philosophes sans chair mais avec une tribune médiatique, s’associent à Grémond, un apparatchik du Parti socialiste. Pas de programme officiel, mais des coups de force rhétoriques qui tordent l’idée de laïcité pour l’essorer de tout ce qui ne serait pas une obsession pour l’islam.
Le roman ne vire toutefois pas au dossier à charge. Comme toujours chez Bellanger, il s’agit de se tenir sur le fil de la caricature : la moquerie, rarement mordante, sauf pour le personnage du romancier au destin tragi-comique, n’est qu’une nervure de l’analyse. Les Derniers Jours du Parti socialiste lorgne ainsi simultanément vers la série télévisée Baron noir et vers Tintin ; ce qui lui donne un air aussi grave et averti que ludique et ingénu. P.-E. P.
ROMAN. « Le Syndrome de l’Orangerie », de Grégoire Bouillier
Alors qu’il était allé contempler Les Nymphéas, le chef-d’œuvre de Claude Monet, au musée de l’Orangerie, à Paris, Grégoire Bouillier est traversé par une crise d’angoisse. Tout être normalement constitué, se dit-il, éprouve à leur vue un « sentiment de méditation et de paix intérieure ». Mais pas lui. Qu’a-t-il perçu dans ces grands panneaux qui puisse justifier un tel malaise ? A-t-il projeté follement sur les tableaux ses propres conflits intérieurs, ou son inconscient est-il véritablement entré en résonance avec « l’inconscient de l’œuvre » ?
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